L’Ethnie Tho de Nghé An – Entre traditions et nature

Dans les districts reculés, entre montagnes annamitiques et plaines, dans les provinces de Nghé An et Thanh Hoa nous allons à la rencontre de l’ethnie Tho.

Les Tho lèvent le voile sur leurs coutumes et leur vie communautaire. Nous découvrons leur artisanat spécifique et leurs musiques.

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Implantation

Au Vietnam, l’ethnie Tho est implantée dans les provinces de  Nghệ An et un peu dans celle de Thanh Hoa.

Nghệ An, province de la région centrale du Nord du Viêt Nam, a comme capitale la ville de Vinh. Thanh Hoa se situe juste au-dessus, elle est limitrophe avec la province de Ninh Binh (Tam Coc).

La zone résidentielle actuelle du peuple Tho se situe principalement dans les régions de moyennes altitude et montagneuses de la province de Nghe An.

L’ethnie Tho comporte environ 100 000 personnes réparties à 75°/° dans la province de Nghé An, le reste occupe en petit nombre la région de Thanh Hoa et quelques autres provinces du centre.

Les villages « Ban », sont implantés dans de hauts endroits plats, à proximité de sources d’eau, ou au milieu d’une vallée ou de pentes.

Origine et diversité du groupe Tho

A la fin du 17° siècle, fuyant les troubles et les épidémies qui sévissent dans le pays, des Viet des plaines, des Viet et des Muong des montagnes s’établissent dans les districts de Nghé An et Than Hoa.

Les Tho, qui portaient autrefois aussi le nom de « Xa La Vang », nom donné aux tribus les plus instables, se mêlent au groupe Cuoi, un groupe Tho déjà implanté dans le secteur.

Cette refonte se déroule sur la base de la culture Viet avec des éléments traditionnels Muong et des apports Thaï.

Les Tho parlent leur dialecte, le dialecte muong, le thaï et le vietnamien. Ils n’ont pas d’écriture traditionnelle. On les rattache au groupe linguistique Viet-Muong.

Groupes – sous-groupes Tho :

Après une longue évolution, la communauté s’est récemment donné le nom de Tho regroupant  plusieurs sous-groupes locaux.

Le groupe Tho de la province de Nghe An, le plus important du pays, situé au nord, comprend aujourd’hui les sous-groupes Cuoi, Keo, Mon qui résident principalement dans quelques villages des districts de Nghia Dan, Quy Hop,Tan Ky…

Les sous-groupes Ho, Dan Lai-Ly Ha et Tay Poong se positionnent plus au sud.

Organisation sociale

Chaque village Tho a à sa tête « un Trum », un chef de village, élu annuellement par les villageois. Il assume la gestion et surveille la bonne marche des affaires, juge les infractions aux coutumes, arrange les conflits. Il représente le village dans les contacts avec les administrations, « un Cau », secrétaire, se charge des paperasses, les jeunes du village assurent la sécurité. Dans certains villages, « un Chu Sac », un mage, est responsable des cultures et des cultes qui s’y rattachent.

Les terres du village appartiennent à tous et sont cultivées par tous. Les Tho ne détiennent que le petit terrain sur lequel est posée la maison sur pilotis et un jardin potager.

La maison des Tho

La maison en montagne sur pilotis est en bois, assez rudimentaire, recouverte de bois simple, de bambou et de feuilles. La maison posée est un peu plus élaborée avec une architecture proche de celle des Viet.

De nos jours, les Tho passent des maisons sur pilotis aux maisons au sol, de nombreuses maisons sont construites avec plusieurs étages comme les maisons vietnamiennes.

La vie dans la maison, us et coutumes

Les relations au sein de la famille, comme au village, sont fondées sur le soutien mutuel et l’amitié.

La famille Tho est une famille patriarcale, composée de deux générations de parents et d’enfants. Le patriarcat est élevé, il existe une distinction claire entre l’aîné et le deuxième-né.

Les jeunes jouissent de larges libertés en soirée et vont « Ngu Mai » (dormir femelle). C’est alors que l’entremetteur entre en scène !

Les relations entre les familles des fiancés se resserrent : le fiancé doit suivre des règles strictes qui peuvent compromettre les engagements si elles ne sont pas respectées.

Le garçon doit des jours de travaux agricoles à sa future belle famille, et ce, jusqu’au mariage, pour les dédommager de la perte de leur fille…

De nos jours, les coutumes sont plus simples, les Tho ont adopté un mode de vie plus pratique et moderne.

Agriculture et subsistance

Le peuple Tho vit principalement de la culture du riz, du manioc, du maïs, des haricots, des arachides, de la canne à sucre, etc. Les Tho sont bons maraîchers. La préparation des sols se fait à l’aide d’une charrue typique et d’un bâton pour percer des trous afin de déposer les graines.

Les groupes de Nhgé, cultivent aussi largement le Gai (variété de Chanvre). C’est une plante originaire d’Inde, introduite et cultivée au Vietnam. Elle pousse dans les plaines et les plateaux et est utilisée pour tisser des filets, fabriquer des hamacs et du papier. On fait des gâteaux avec les feuilles (banh it, banh gai) et de la médecine avec les racines. Cette médecine aurait des effets antioxydants prévenant l’hypertension, l’athérosclérose et l’infarctus du myocarde.

Les hommes savent tisser des produits en rotin, des chaises, des paniers et des boîtes qui seront échangés ou vendus.

La pêche est également très développée, la chasse et la cueillette ont contribué de manière significative à réduire les difficultés de la vie.

La collecte de produits forestiers joue un rôle important dans la vie des Tho.

Costume traditionnel

Le costume traditionnel des femmes Tho se compose d’une chemise blanche, d’une jupe rayée de noir et blanc et de ceintures vertes. Elles coiffent un foulard carré blanc.

Le costume des hommes comprend un pantalon à entrejambe large, marron délavé avec une ceinture, une tunique courte noire et un turban.

Croyances et rituels sacrés

Le concept du monde surnaturel du peuple Tho est très complexe.

Tous les groupes Tho sont animismes, c’est la croyance « maîtresse ».

Il existe de nombreux types de dieux et de démons, notamment des dieux humains, des anges et même des objets inanimés. Les premiers hommes à établir les villages et les vainqueurs des guerres, sont tous devenus des dieux et ont été vénérés par le peuple.

La croyance selon laquelle toutes choses ont une âme est clairement illustrée.

En plus du culte des ancêtres, le peuple Tho vénère le dieu de la cuisine, le dieu de la terre, Thanh Hoang, le dieu qui gouverne, détient et détermine les malheurs et les bonnes fortunes des habitants du village, et divers fantômes (fantômes de la forêt, fantômes des ruisseaux, fantômes des arbres à l’entrée du village, fantômes des montagnes…).

Les Thô célèbrent leur culture à travers des performances de gongs lors de festivals, de mariages et de funérailles.

Pour le Têt (Nouvel An), les habitants choisissent des jours fastes pour organiser des festivals de gongs, en espérant chasser les mauvais esprits et pour prier pour une année prospère, une météo favorable, des récoltes abondantes et la paix dans le village.

 L’espace des gongs, dans les montagnes du Centre du Vietnam, englobe plusieurs provinces et dix-sept communautés ethnolinguistiques, dont les Tho. Il est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Artisanat traditionnel description

Le métier de tissage de hamacs apporte non seulement des revenus aux gens, mais constitue également un patrimoine culturel immatériel du peuple Tho.

Musique, instruments traditionnels et danse

Les activités culturelles du groupe ethnique Tho sont souvent associées aux fêtes de descente aux champs au début de l’année.

Le vin (vin de manioc, vin de riz et vin de canne) est apprécié aussi bien par les hommes que par les femmes, il est indispensable aux fêtes. Les hommes et les femmes de l’ethnie Tho aiment mâcher du bétel. Le bétel est utilisé pour accueillir les invités les jours normaux, les jours du Têt et les pour les mariages.

L’ethnie Tho organise de nombreuses activités culturelles avec des chants et danses folkloriques uniques portant les caractéristiques culturelles de leur peuple. En plus des instruments de musique traditionnels tels que les flûtes, les flûtes de pan, les gongs, les tambours, le peuple Tho possède également ses propres instruments, créant ainsi des sons imprégnés de nuances qui leur sont propres.

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