Lam Binh, Cao Bang, Ban Gioc hors sentiers battus (épisode 4)

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Le voyage à Lam Binh, Bac Kan et Cao Bang de Fabienne et Arnaud avec Vietnam Evasion

J7 – Bao Lac

Nous sommes jour de marché, j’attends ce moment depuis longtemps, j’ai fait de nombreux marchés ethniques au Vietnam, mais celui-ci est réputé par sa fréquentation…mon moment et enfin arrivé !

C’est sans compter sur la saison du riz mur..

Quelle déception, les ethnies sont aux champs et la fréquentation du marché s’en ressent !

Nous verrons bien quelques femmes Lo Lo Den (noir), des San Chi, les « copines » de mon amie Maria, belles comme tout, quelques Tay et Hmong, et voilà, le tour est fait !

Ce marché se déroule tous les 5 jours selon le calendrier lunaire du mois, les: 5, 10, 15, 20, 25, 30 du mois, nous avions calculé notre départ et calé notre circuit sur sa date…

Vinh, notre guide, nous propose d’aller visiter le village Lo Lo de Xã Đức Hạnh à quelque trente kilomètres, rien n’est vraiment prévu pour le reste de journée, alors, pourquoi pas ?

En fin d’après midi, nous visiterons Nà Viêng, un village de l’ethnie Lo Lo Den (noir), proche de Bao Lac.

Deux femmes nous reçoivent dans leur maison, nous buvons un petit alcool de maïs avec elles avant de poursuivre notre tour de village.

Ici les maisons sont très pauvres, faites de bois disjoint, les conditions de vie sont dures, on imagine des hivers difficiles.

Deuxième soirée sur la place avec du canard laqué offert par Vinh…c’est mon plat préféré ! Merci Vinh !

J8 – Bao Lac / Pac Bo

Nous partons tôt pour le vertigineux col de Mé Pia et ses 14 virages.

En chemin, nous faisons un arrêt dans un village Tay.

Nous passons devant une école, la maîtresse a devant elle une poignée de jeunes enfants, sages, seul l’un deux nous aperçoit et fait un petit signe.

Aujourd’hui, au programme, l’alphabet !

Nous parcourons en boucle le village, les maisons sur pilotis sont délabrées, ici aussi la vie doit être rude.

Les maisons sont couvertes de tuiles yin- yang, les manquements sont remplacés par des tôles, piètre protection !

Les animaux vivent sous la maison, nous croisons quelques cochons noirs qui vont « à la promenade », les canards aussi vadrouillent en toute liberté, nous n’apercevrons qu’un homme dans ce village, sans doute que les autres personnes sont aux champs.

Plus loin, en bord de route, des femmes fabriquent du papier (votifs).

Les vietnamiens ont l’habitude de brûler des papiers votifs, ils sont censés faire le lien entre le monde des vivants et celui des morts.

Les familles qui viennent de perdre quelqu’un brûlent aussi ce jour-là des papiers votifs.

Chez les ethnies, les Dao, les Nung, par exemple, il sert de support à d’écritures en idéogrammes, mais aussi à fabriquer de l’argent, des objets votifs, et même à décorer l’autel des ancêtres.

La matière première vient du tronc de l’indosasa, une variété de bambou, et d’une liane (écorce d’un arbre appelé maysla en Nung) qui sert de liant.

Les troncs sont trempés dans de l’eau de chaux pendant un à deux mois.

Ils seront ensuite lavés et écrasés à la main, à l’aide d’une batte en bois, jusqu’à obtention d’une pâte compacte.

Cette matière sera diluée dans de l’eau, filtrée avec des claies, et mise à sécher dans des moules.

Les papiers votifs seront vendus sur les marchés ethniques du nord.

La route grimpe jusqu’au col de Mé Pia aux 14 virages, le paysage est beau, semblable à ce que nous voyons depuis que nous sommes dans cette région, des rizières en terrasse, des montagnes plus ou moins lointaines, des ruisseaux dans les vallées et cette fois un champs de chanvre !

Le chanvre est utilisé pour le tissage, seules les ethnies du nord pratiquent cette culture.

Le col n’est pas aussi impressionnant que ça, il y a bien tous ces virages en épingle, mais pas de sensation de vertige.

Les bas côtés sont protégés, d’un côté par la végétation et de l’autre par la montagne.

Il faut, pour avoir une vue d’ensemble, faire un arrêt au sommet et grimper sur un kilomètre environ avant d’embrasser le paysage.

Le col passé, nous débouchons sur une vallée enchâssée dans les montagnes, toujours des cultures de riz, mais aussi, beaucoup de bois, de forêts de bambous, ici la route est serpentine.

Nous descendons doucement en direction de Pac Bo, les montagnes couvertes de forêts sont toujours aussi hautes, mais, les vallées elles, sont plus larges et habitées de rizières à plat. Elles sont encore très vertes, la moisson va attendre un peu dans ce coin.

Avant de rejoindre notre maison d’hôte et de faire la visite du parc de Pac Bo, nous faisons un arrêt au mausolée de Kim Dong.

Kim Dong (Nong Van Den)

Un adolescent de l’ethnie Nung devient le chef de « l’équipe nationale de salut des adolescents et des enfants » du village de Nà Mạ.

L’équipe aidait la résistance en livrant des lettres secrètes aux guérilleros et en guidant les soldats révolutionnaires dans les zones reculées de la province montagneuse.

En août 1942, Kim Dong rencontre Ho Chi Minh qui le félicite pour son courage et sa vivacité d’esprit.

Mais le 15 février 1943, le petit chef d’équipe se sacrifie, il meurt à l’âge de 14 ans.

Le mausolée est adossé à la montagne, on y pénètre par une porte en bois. Un joli jardin, planté de nombreux fruitiers, de fleurs et un petit pont qui enjambe un ruisseau, font que cet endroit est paisible, bucolique.

Derrière la tombe de Kim Dong, une fresque de mosaïques raconte sa vie.

Le Parc Pac Bo

Le 28 janvier 1941, Hô Chi Minh (Nguyên Ai Quôc) revient au Vietnam après avoir passé 30 ans à l’étranger.

Il décide de s’installer à Pac Bo pour préparer la révolution.

Le site est dressé sur la montagne Karl Marx, arrosé par le ruisseau Lénine que l’on longe pour accéder à la grotte Côc Bo dans laquelle le président Hô Chi Minh a séjourné.

Sur une vaste esplanade, des boutiques et cafés ont pris place. C’est là que nous attendons, Hiep et moi, devant un verre, que Vinh et son acolyte reviennent de la borne frontalière 675, elle marque la séparation avec la Chine.