
Le Vietnam recèle un patrimoine unique de vestiges français, témoignant de plus d’un siècle de présence coloniale et de son influence architecturale. De Hanoi au Nord jusqu’à Saigon et le delta du Mékong au Sud, chaque étape de votre voyage vous plonge dans l’histoire et l’élégance intemporelle des bâtiments publics, hôtels, ponts et villas.
Hanoi – Cœur battant de l’architecture coloniale française

Hanoi, la capitale du Vietnam, était le centre de l’Indochine, présente un réseau urbain hérité de l’architecture française. Au centre-ville, se dresse l’Opéra de Hanoi (Théâtre municipal, 1901), inspiré de l’Opéra Garnier de Paris, avec ses colonnes corinthiennes et ses détails décoratifs raffinés. À quelques pas, le Sofitel Legend Métropole Hanoi (Grand Métropole Hôtel, 1901), hôtel emblématique de l’époque coloniale, reflète le raffinement architectural de l’époque.
La prison de Hoa Lo (Maison Centrale de Hanoï, 1896), alliant architecture française et mémoire historique. Tout autour s’étend le quartier des 36 corporations, ancien quartier où les rues étroites et les façades anciennes permettent d’imaginer la vie de Hanoi à l’époque coloniale.
Le Musée national d’histoire du Vietnam (Musée Louis-Finot, 1926) illustre également l’architecture coloniale avec ses galeries élégantes et ses voûtes. Non loin, les bâtiments administratifs comme le Palais présidentiel (Palais du Gouverneur Général, 1901) et le Ministère des Affaires étrangères (Direction des Finances, 1925) complètent ce parcours de l’urbanisme colonial.
Dans le centre historique, la rue Trang Tiên (anciennement rue Paul Bert) part du ravissant lac Hoan Kiem et permet de découvrir l’ancien quartier colonial avec l’ancienne banque d’Indochine, la résidence du gouverneur du Tonkin. Le boulevard Phan Dinh Phung, bordé d’arbres et de villas centenaires, montre la richesse de l’architecture coloniale et du style indochinois développé par Ernest Hébrard.
L’une des icônes architecturales françaises de Hanoi est le Pont Long Bien (Pont Paul Doumer, 1902). Mis en service en 1903, il permettait à la voie ferrée de relier la rive gauche du fleuve Rouge au port commercial de Haï Phong et à la Chine. Le pont est aujourd’hui réservé aux piétons et deux-roues et reste un lieu de photographie très prisé.
Hué – L’élégance impériale et la touche française

À Hué, ancienne capitale impériale, l’architecture française se mêle harmonieusement à la tradition vietnamienne. Le Lycée Quoc Hoc Hué (École Primaire Supérieure, 1896) a accueilli de nombreuses personnalités historiques, dont Ho Chi Minh ou Vo Nguyen Giap. Le Pont Truong Tien (1899), restauré par la société Eiffel, traverse la rivière des Parfums et est un lieu de promenade prisé au coucher du soleil.
Les hôtels et clubs de loisirs tels que La Résidence Hué Hôtel & Spa (1930) et Le Cercle Sportif (1940) incarnent le style Art Déco français, tandis que le Palais An Dinh (1917) illustre magnifiquement la fusion entre architecture française et vietnamienne.
Hoi An – L’authenticité des maisons coloniales dans la vieille ville

Dans cette vieille ville, les vestiges français se retrouvent surtout dans les maisons de type mitoyen et les villas dispersées. Les bâtiments résidentiels historiques se concentrent à l’ouest de la rue Nguyen Thai Hoc et à l’est sur la rue Phan Boi Chau, anciennement habités par des fonctionnaires français. Ces maisons et villas reflètent le style colonial français et contribuent à la diversité architecturale de la ville.
Da Lat : Petit Paris de l’Indochine

Surnommé la station climatique française sur le plateau de Lang Biang, la ville est un musée à ciel ouvert de l’architecture coloniale. La Gare de Da Lat (1932), conçue par Moncet & Reveron, est un exemple emblématique de l’Art Déco avec ses toits incurvés et détails décoratifs. Le Collège Pédagogique de Dalat (Grand Lycée Yersin, 1927), conçu par Moncet, illustre l’éducation coloniale française avec ses bâtiments en arc de cercle et toitures en tuiles rouges.
Enfin, les résidences royales Dinh I, Dinh II et Dinh III de Bao Dai, trois des sept demeures du roi Bao Dai, illustrent la grandeur et le raffinement de l’architecture européenne.
Hô Chi Minh Ville – L’effervescence coloniale au cœur du Sud Vietnam

À Hô Chi Minh Ville, centre économique et culturel du Sud Vietnam, le patrimoine français se découvre comme un véritable circuit urbain culturel. Plusieurs vestiges de l’époque coloniale se concentrent le long de la rue Dong Khoi (rue Catinat) : l’Opéra, la Cathédrale Notre-Dame, la Poste centrale, siège du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, etc. Ce quartier réunit la quintessence du patrimoine français à Saigon.
Située en face du côté gauche de l’église, la Poste centrale de Saigon (siège du Département des Postes et Télécommunications, 1886), avec sa voûte soutenue par quatre colonnes et ses arcades sculptées, évoque une gare européenne.
Sur la même rue, l’Opéra de Saigon (Grand Théâtre, 1900) de style baroque accueille spectacles et concerts. À côté, l’Hôtel Continental (1878) – premier hôtel de Saigon, fut un lieu de rencontre pour écrivains, journalistes, politiciens et hommes d’affaires, apparaissant dans le film Indochine et le roman Un Américain bien tranquille de Graham Greene.
L’Hôtel Majestic Saigon (1925), l’un des hôtels les plus anciens de Saigon, a été conçu par des architectes français et financé par Hui Bon Hoa, un riche vietnamien d’origine chinoise.
Au cœur du 1er arrondissement, il est impossible de ne pas mentionner le Marché Ben Thanh (Les Halles Centrales, 1914), avec sa façade ornée d’une grande horloge. Construit pour répondre aux besoins commerciaux de la colonie, il est devenu l’un des symboles emblématiques de Saigon et demeure aujourd’hui un lieu animé mêlant commerce et patrimoine colonial.
Les bâtiments administratifs, comme le Siège du Comité populaire du 1er arrondissement (Hôtel de Ville de Saigon, 1898), inspiré de l’Hôtel de Ville de Paris, mêlent influences gothiques, italiennes et nord-françaises et s’illuminent la nuit avec la statue de Ho Chi Minh visible depuis la rue Nguyen Hue.
Le Musée des Beaux-Arts de Saigon (1929) réalisé par l’architecte français Rivera.
Le Musée de Hô Chi Minh-Ville (Palais du Gouverneur de la Cochinchine, 1885) illustre parfaitement le style colonial mêlant influences néo-classiques et orientales.
Le Port de Nha Rong (1862), avec ses deux dragons sur le toit, est le lieu historique d’où Nguyen Tat Thanh (Ho Chi Minh) partit à 21 ans pour chercher l’indépendance et abrite aujourd’hui un musée commémoratif.
Delta du Mékong – Les vestiges français au fil des rivières

Dans le delta du Mékong, l’architecture française se manifeste à travers plusieurs villas et édifices religieux. La Maison du Prince de Bac Lieu (1919) illustre le luxe colonial. À My Tho et Can Tho, plusieurs villas françaises sont des témoins de l’époque coloniale.
À Sa Dec, la Maison Huynh Thuy Le (1895, rénovée en 1917) mêle architecture française et chinoise, célèbre pour l’histoire d’amour racontée par Marguerite Duras dans L’Amant. Le quartier colonial le long de la rivière et l’ancienne école primaire Trung Vuong illustrent le patrimoine résidentiel et éducatif français. À Go Cong, hors des sentiers du delta, l’ancienne maison du chef de la province (Palais de Doc Phu Hai, 1890) se distingue par son architecture romane importée de France et sa décoration locale.
La région du delta conserve ainsi de rares mais élégants vestiges de la présence française, souvent transformés en musées ou lieux de vie, tout en s’harmonisant avec l’architecture locale.
Autres vestiges marquants de l’Indochine française
En dehors des grands sites, certains autres plus discrets mais tout aussi puissants témoignent de l’histoire coloniale et de son héritage.
- Diên Biên Phu: Haut lieu de mémoire, la cuvette de Diên Biên conserve plusieurs vestiges coloniaux, dont les anciennes casernes et postes de commandement. Ils s’intègrent aujourd’hui dans un paysage vallonné spectaculaire, offrant aux visiteurs un mélange unique entre nature et patrimoine.
- Palais Hoang A Tưong « château du roi Meo » (Bac Ha, Lao Cai): Édifié en 1914 par les architectes français et chinois pour un chef local, ce palais mêle architecture baroque française et influences asiatiques, au cœur des montagnes du Nord-Ouest.
- Prison de Son La (1908), conçue par les Français, illustre l’architecture carcérale coloniale. Située sur une colline ombragée de vieux pruniers, elle est aujourd’hui un lieu de mémoire et de découverte historique pour les visiteurs parcourant le Nord montagneux du Vietnam.
- Île de Côn Dao: Sur l’archipel de Con Dao, Sud Vietnam, la prison Poulo Condor, ancien lieu de bannissement annamite, bagne français(1862), puis centre de rééducation vietnamien. A Con Dao subsistent des édifices érigés à l’époque coloniale française. Si elle témoigne d’un pan important de l’histoire, l’île est également connue pour ses plages préservées et son parc national, un contraste saisissant entre mémoire patrimoniale et beauté naturelle.
Ne manquez pas les traces du patrimoine catholique français
Le missionnaire jésuite français Alexandre de Rhodes contribua de manière considérable et durable à l’émergence du catholicisme au Vietnam :
- L’église de Sapa, église en pierre, un des rares vestiges de la présence française à Sapa.
- Le Couvent des Oiseaux de Dalat, la Cathédrale Saint-Nicolas de Dalat/Église du Coq (1931) avec son coq en bronze ou l’Église de Mai Anh (Domaine de Marie, 1930) mêlant les influences françaises du XVIIᵉ siècle et des éléments vietnamiens, avec son toit inspiré des maisons sur pilotis.
- La Cathédrale Notre-Dame de Saigon (l’Église de Saigon, 1863), ses briques rouges de Toulouse et ses deux clochers de 57 m.
- La Cathédrale d’Hanoï, sa massive entrée à deux tours, son enduit gris peu orné et l’absence d’ouverture en font un bâtiment puissant et austère.
- La Cathedrale de Phat Diem, en bois, dans un style mariant l’architecture des pagodes bouddhiques et des églises catholiques françaises
- L’église en bois de Kon Tum, on la doit au prêtre français Joseph Decrouille qui ordonna sa construction en 1913.
- Les nombreux édifices religieux du berceau du catholicisme Vietnamien de Nam Dinh et Ninh Binh.
Autres vestiges de l’Indochine française.
Outre les monuments, palais, ponts et édifices religieux, les français ont laissé en héritage :
- Le train et la ligne qui ouvre la route du commerce du sud au nord et jusqu’en Chine
- Les nombreuses routes qui désenclavaient le pays du sud au nord, la route N°1.
- Les quais des grands ports et canaux de Danang, Saigon et du delta du Mékong, au profit du commerce maritime florissant.
- Les Hôpitaux et écoles de médecine: Yersin, créateur de Dalat, est le fondateur (en 1902) de l’École de médecine de Hanoï. On lui doit la découverte en 1894 du bacille de la peste, la préparation du premier sérum anti-pesteux et l’étude de la toxine diphtérique.
Voyager à travers les vestiges français au Vietnam
Ces ensembles architecturaux reflètent l’élégance et la rigueur française et la manière dont elle s’est adaptée au contexte vietnamien.
Chaque bâtiment raconte une histoire, chaque pont et villa est un témoin du passé, permettant aux visiteurs de comprendre l’histoire, la culture et les échanges entre l’Orient et l’Occident.
Un voyage culturel au Vietnam à travers ces sites empruntant ces voies est une invitation à découvrir le pays autrement.
Ses pierres, ses toits et ses façades séduisent toujours par leur beauté intemporelle et leur valeur historique inestimable.
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