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Le vélo et les records incroyables lors de la bataille de Dien Bien Phu

Cette bataille opposa, de novembre 1953 à mai 1954, les forces de l’Union française à celle du Viet Minh. Les soldats vietnamiens ont pu gagner la bataille logistique en grande partie grâce aux ravitaillements affectués par 20.000 vélos.

Ici, la logistique vietnamienne était basée principalement sur les vélos renforcés pouvant porter une charge de 250 kg voire plus de 300 kg, poussés à pied sur des pistes montagneuses. Elle préfigure la future «piste Hô Chi Minh»  qui ravitaille plus tard les combats au sud durant la guerre du Vietnam. En parlant de ces vélos, le général Giap a déclaré « ce sont nos taxis de la Marne !».

En 1953, après sept ans de guerre d’Indochine, dans l’espoir de trouver une issue au conflit, le général Henri Navarre, commandant militaire suprême français en Indochine, a élaboré un plan pour entraîner le général Giap, commandant en chef du Viet Minh, dans une bataille décisive.

L’endroit choisi par Navarre est la cuvette de Dien Bien Phu, il est convaincu que son adversaire ne dispose pas de moyens de transport suffisants à l’acheminement de nourriture et d’armes nécessaire pour gagner un affrontement majeur dans cette zone montagneuse isolée près de la frontière laotienne.

Le Viet Minh a relevé le défi et a rapidement entouré la cuvette de 60 000 combattants, soutenus par des dizaines de milliers de paysans, de minorités ethniques et de porteurs qui ont tracé de nouvelles pistes dans la jungle pour transporter des fournitures sur le front avec des vélos, des « chevaux d’acier » comme les vietnamiens les appellent. Ce moyen de transport simple, que peu ont pu imaginer, souvent raillé par les adversaires utilisant une technologie de guerre de pointe, s’est révélé être un outil efficace et indispensable pendant cette bataille importante.

Transport d’armes et de vivres à vélo vers le champ de bataille

Pendant tout le siège, les lignes de ravitaillement de l’Armée vietnamienne, entretenues par les bicyclettes et autres moyens de transport, ne sont jamais sérieusement coupées par des bombardements, même si les Français connaissent les voies de ravitaillement et les zones de stockage sur le parcours. Ils n’ont tout simplement pas assez d’avions pour perturber le flux de jour et de nuit des approvisionnements du front par le Viet Minh. La forêt du Tonkin a rendu très difficile le ciblage précis de ces lignes d’approvisionnement.

Dans leur combat contre les Français – et plus tard les Américains – les Vietnamiens ont utilisé les deux-roues de marque Peugeot français, les Favorit tchèques étant leur prochain choix.

Pendant cette marche en direction de Diên Biên Phu, à laquelle se joignent un millier de camions, les 60 000 porteurs vietnamiens accomplissent un véritable exploit. Ils s’avèrent capables d’amener à bicyclettes ou à dos d’hommes, et sur 500 kilomètres de routes et chemins défoncés, des pièces d’artillerie lourde (éléments de batteries antiaériennes, mortiers de 120, canons de 105) et toute la logistique nécessaire aux troupes.

Les unités logistiques, chargées de l’approvisionnement, font l’aller et retour sur des centaines de kilomètres pour acheminer des vivres. Afin d’éviter les bombardements, ces hommes et femmes, pour la plupart civils, et donc non armés, doivent passer par les pistes de la jungle, et vivent dans des conditions difficiles.

Les “chevaux d’acier” des travailleurs civiques vietnamiens lors de la bataille de Dien Bien Phu

Grâce à leur grande capacité de charge, ces « chevaux vietnamiens » étaient particulièrement efficaces sur les routes et les pistes étroites du pays, et facilement modifiés pour les différents usages. Ce moyen humble a grandement contribué au transport des armes, des médicaments et de la nourriture des soldats. Ils peuvent circuler sur de nombreux types de routes et de terrains que les camions ne peuvent pas emprunter. Maniable et fiable dans toutes les conditions, le vélo offre également l’avantage du silence. En particulier, quand le ravitaillement doit être secret pour éviter la détection et l’attaque par l’ennemi. Autres avantages de ce véhicule : il n’a pas besoin de carburant, est facile à réparer et à dissimuler, peut avancer seul ou en groupe dans toutes les conditions météorologiques.

Lors de la campagne de Dien Bien Phu, les citoyens ont utilisé plus de 20 000 vélos, connus sous le nom de «l’Armée de vélo». Cette armée est divisée en groupes selon la localité, chaque groupe a de nombreux pelotons, chaque pelotons a de 30 à 40 véhicules, divisés en groupes d’environ 5 véhicules pour s’épauler lors des franchissements de cols et de pentes raides. Chaque convoi dispose d’un véhicule transportant des pièces détachées nécessaires aux réparations en cours de route.

Pour pouvoir transporter une grande charge, toute la structure doit être modifiée et renforcée, chaque pièce est doublée par du fer à béton, du bois ou du bambou en fonction des matériaux disponibles. Un bâton en bois ou un bâton en bambou,  attaché au guidon, permet de tenir, de diriger le vélo et de faciliter son contrôle lors du transport d’une lourde charge. Un autre bâton est inséré dans le tube de la selle (potence), il est utilisé pour pousser le vélo dans les montées ou le retenir sur les pentes. Les vietnamiens utilisent de vieux chiffons, vêtements, vieilles chambres à air pour envelopper les pneus afin d’augmenter leur durabilité.

Ces deux-roues sont renforcés

La capacité de charge de ces deux-roues modifiés va jusqu’à 270 kg, la charge moyenne étant d’environ 200 kg, alors que la charge portable à dos d’homme va de 30 à 35 kg.

Au début, chaque cycle de transport ne pouvait transporter que 80 à 100 kg, puis la charge a été progressivement augmentée grâce à ces modifications et renforcements. Deux vélos jumelés peuvent transporter 2 blessés graves (couchés) ou 4 blessés légers (assis). Des vélos équipés de lampes sont également utilisés pour éclairer les chirurgiens la nuit.

Le “record” du transport à vélo appartient au porteur Ma Van Thang, son vélo a transporté 352 kg de marchandises. M.Thang a transporté au total 3 700 kg de marchandises sur une longueur de 2 100 km de routes montagneuses. Ce vélo est exposé au musée de la Victoire de Dien Bien Phu.

Le vélo légendaire du porteur Ma Van Thang

Le 2è “record”, 345kg, appartient à Trinh Ngoc. Son vélo est exposé au musée de la province de Thanh Hóa.

Le vélo du porteur Trinh Ngoc

Mais ces records seront battus 10 ans plus tard pendant la guerre du Vietnam contre les américains lorsqu’un autre vélo a pu transporter jusqu’à 500 kg sur la piste d’Ho Chi Minh.

Les fameuses bicyclettes de la manufacture de Saint-Étienne, poussées sur des centaines de kilomètres, sont chargées comme des baudets. Cette logistique est une des raisons de la victoire. «Pour gagner la guerre, il faut assurer ses arrières”. Napoléon, en son temps, l’avait déjà noté.

L’armée de vélos apparaissant à Dien Bien est un miracle sans précédent dans l’histoire de la guerre, non seulement au Vietnam mais aussi dans l’histoire des guerres mondiales.

Cet ingénieux mode de transport est encore utilisé de nos jours notamment aux postes frontière de Lao Cai, entre Chine et Vietnam, pour le transit des marchandises.

Les vélos actuels à Lao Cai

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