L’histoire de la réalisation du mémorial à Dien Bien Phu, créé par le seul sergent Rolf Rodel
A 200m du bunker du Colonel de Castries à Dien Bien Phu se trouve le premier et le seul mémorial dédié aux officiers et soldats français tombés aux combats.
Cette stèle a été érigée à l’initiative personnelle et construite par Rolf Rodel d’origine allemande, vétéran de l’armée française, membre de l’ANAPI (Association nationale des anciens prisonniers internés déportés d’Indochine), ex-sergent, chef du commando de la 10ème compagnie, 3ème bataillon du 3ème Régiment Étranger d’infanterie (REI).
Après avoir été enrôlé dans l’armée allemande, Rolf Rodel a combattu sur le front de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale et fait prisonnier dans les derniers jours par les Américains.
Il s’engage dans les rangs de la Légion Étrangère le 19 avril 1950 et se porte aussitôt volontaire pour l’Indochine où il fait 2 séjours. Il est blessé 4 fois au cours de la bataille sur le point d’appui Isabelle et a connu la détention des camps Viet Minh. Libéré, il a repris son service à la Légion qu’il a quittée le 25 avril 1957. Il a donc servi la France durant 7 années.
Il n’a jamais oublié ses camarades qui sont morts là bas
En mars 1992 le vétéran est retourné en Indochine pour revoir les lieux où il a combattu. Il a découvert alors à Dien Bien Phu une petite stèle, une simple dalle érigée en 1984 par les autorités vietnamiennes pour respecter l’accord de Genève – tombe déjà en ruine. Il l’a restaurée et est revenu en France. Ne pouvant rien attendre des gouvernements français, il pris la décision de se charger lui même de la mission « d’hommage à ses frères d’armes ».
Rolf Rodel dessine les plans du mémorial et envoie le matériel au Vietnam. Après avoir surmonté les tracasseries administratives, il a acheté un terrain sur le site de la bataille, et a veillé à la construction, il a financé le monument de ses propres deniers et participé à la construction. Au Vietnam, Rolf Rodel a rencontré nombre de ses anciens adversaires Viet Minh occupant des postes de haut rang, ils l’ont aidé. Après 6 semaines, les travaux sont terminés.
Ce monument a été érigé sur le site de Eliane 2, devenu terrain de cultures, où près de 2000 soldats ont été tués. Il se présente sous la forme d’un obélisque blanc entouré d’un muret.
Et c’est encore tout seul au milieu des autorités et de la foule vietnamienne, qu’il inaugure (non officiellement) le monument, en mai 1994, à l’occasion du 40 ème anniversaire de la bataille, pas un seul représentant français n’est présent en dehors du légionnaire allemand Rolf Rodel.
Une émouvante rencontre entre général Marcel Bigeard et ce légionnaire sur le site de Dien Bien Phu
Le 29 juin 1994¸ quarante ans après la bataille, Bigeard arrive sur les lieux. Bouleversé, il découvre la stèle élevée sur le lieu des combats. “Pour rappeler la mémoire de nos morts et tous ces sacrifices inutiles, écrit-il dans “Ma vie pour la France”. Il l’a embrassé et l’a remercié. Rolf Rodel a appuié sur le bouton d’une cassette. “La marche de la Légion étrangère” s’élève dans la cuvette de Dien Bien Phu, au milieu d’un champ de maïs, puis “La Marseillaise” …
Remboursement
En 1995, Rolde et le colonel Jack Bonfils ( Cofondateur et Vice-président National de l’ANAPI ) se sont rencontrés. Rodel lui a raconté tout ce qu’il a fait, dans le moindre détail, mais sans dire un mot sur le coût financier.
Le colonel, en collaboration avec la Légion et les organisations d’anciens combattants, a réussi à rembourser à Rolf Rodel les frais qu’il a engagés pour l’achat du terrain et la construction du monument.
Lors d’une rencontre avec le président Chirac, le colonel l’a dit informé des efforts de Rodel pour rendre hommage à ses siens morts au combat. On lui a expliqué que Rodel n’a pas reçu la Médaille Militaire pendant son service car il était du côté des Hollandais en Algérie en 1961. Le président est intervenu et Rodel a rapidement obtenu la médaille le 30 avril 1995.
Une convention d’entretien a été signée, en juin 1998, entre l’Ambassade de France à Hanoï et la Province de Lai Chau. Le lieu a été repris par l’ambassade qui veille désormais à son entretien.
Une inauguration officielle est réalisée courant 1999. Mais le vétéran, décédé le 5 janvier 1999, n’a hélas pu y participer. Sa dernière volonté : Qu’on disperse ses cendres sur le Tonkin où il a laissé son âme et ses camarades.
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