Dans ce document, nous nommons cette ethnie, Lao Boc, Lao Noi (noms des deux groupes présents au Vietnam) pour éviter toute confusion avec l’ethnie Lu qui partage les mêmes terrains et a des costumes et des coutumes qui se ressemblent.
Origine et diversité du groupe
Le peuple lao est également appelé Thay, Thay Duon, Thay Nguon, Phu Thay, Phu Lao. Il est l’un des huit groupes ethniques appartenant à la famille linguistique Thaï – Kadai et au groupe Thaï du Vietnam.
L’ethnie Lao au Vietnam se compose de deux groupes locaux : Lao Boc (Lao sec) et Lao Noi (Petit Lao), ils sont plus proches des Thaï que leurs congénères du Laos.
Ce peuple originaire du Laos est apparu dans le Nord-Ouest du Vietnam aux XIIIe et XIVe siècles, se concentrant dans les provinces montagneuses du Nord-Ouest. Selon le recensement de 2019, le groupe comptait 17 532 personnes.
Implantation
L’ethnie Lao Boc – Lao Noi est principalement implantée à l’ouest du nord Vietnam, dans des secteurs éloignés et peu visités du grand tourisme. Ils occupent les petits villages des districts de Lai Chau et Dien Bien Phu, avec quelques groupes dans les districts de Tan Uyen, de Tam Duong et quelques-uns à Son Ma et Muong Va – Soc Cop dans la province de Son La.
Habitat
Les Lao vivaient autrefois sous le régime féodal Thaï, aujourd’hui, ils sont toujours proches des Thaï, comme des Lu et des Kho Mu.
Les Lao du Laos et du Vietnam occupent des maisons sur pilotis, spacieuses et aérées, ornées de piliers et de poutres finement sculptés, avec un foyer central. L’autel des ancêtres est un élément constituant de la maison. Les toits sont souvent prolongés pour créer des porches où sont installés les métiers à tisser et les outils de fabrication de tissus.
Les enclos à bétail et à volaille sont complètement séparés de la maison.
Au village, l’organisation sociale est centrée sur la communauté.
Les familles sont patrilinéaires, les femmes occupent une place importante. L’entente règne entre chaque famille, peu de discorde, l’entraide prime. Les enfants sont élevés de la même façon, qu’ils soient filles ou garçon.
Le Mariage : La mariée vit dans la famille de son mari. Les familles sont stables, avec peu de cas de polygamie, d’adultère ou de divorce. Les femmes enceintes et celles qui accouchent bénéficient d’une attention particulière. Cependant, elles doivent respecter de nombreuses restrictions alimentaires et comportementales. Les nouveau-nés reçoivent un prénom après un mois, leur nom de famille est celui du père.
Les cultes
Jadis, chaque village avait un chef coutumier, Chau Ban, qui représentait les intérêts de la communauté et un chaman
Chaque famille possède un lieu de culte pour ses ancêtres et le village possède un chaman (Chau Hua) pour l’accomplissement de rituels.
Les Lao ont un système d’écriture sanskrit, on trouve encore de nombreux livres écrits sur des feuilles de palmier, conservés par les chamans.
Le bouddhisme a eu une profonde influence sur la vie culturelle et sociale du peuple lao, de nos jours, les pagodes qui existent encore dans les villages font office de maison communale où sont organisées les cérémonies rituelles.
Les Lao croient en l’animisme et au culte des ancêtres. Ils organisent de nombreuses fêtes, la fête du « Khâu hó » (fête du riz emballé), on y prie pour un temps favorable et des récoltes abondantes et on exprime aussi de la gratitude, aux ancêtres et aux dieux qui permettent une année de prospérité. Les Lao pratiquent de nombreux autres rituels liés à l’agriculture, la cérémonie de la pluie ou de la consommation de riz nouveau.
Les Lao suivent le calendrier bouddhiste et célèbrent le Nouvel An au quatrième mois lunaire (Bun Pi May).
Activités de production
Les Lao cultivent des rizières humides grâce à des techniques d’irrigation et le riz sur brûlis. Ils élèvent du bétail et de la volaille.
Dans les villages reculés, ils exploitent des produits forestiers tels que l’igname, les pousses de bambou, les champignons, le miel et les légumes et fruits sauvages.
L’artisanat est particulièrement développé. Ils fabriquent de la poterie au tour, produisent des jarres, des pots et des marmites de bonne qualité. Le tissage de brocart permet de créer des produits de grande valeur, à l’esthétique raffinée. La forge et la sculpture sur argent contribuent de manière significative aux revenus des familles
Vêtements traditionnels
Les vêtements des hommes laotiens présentent de nombreuses similitudes avec ceux des Thaï noirs.
Les femmes Lao portent des jupes nouées à la poitrine qui tombent jusqu’aux mollets. Le bas de la jupe est brodé de motifs colorés et éclatants. Les chemises des femmes sont courtes. Seules les femmes Lao de Song Ma (Son La), proches des Thaï noires, se coiffent comme elles d’un Pieu.
Les autres, à l’instar des femmes Lu parent leurs coiffes, d’une multitude d’épingles finement ciselées pour les Lao, de pompons pour les Lu.
>> Le Piêu, foulard d’amour des femmes Thaï noir
Le tissage est l’un des métiers traditionnels des femmes qui fabriquent avec talent des produits destinés à répondre aux besoins de leur famille.
Le foulard Pieu est un produit brodé de fil de soie aux motifs harmonieux uniques témoignant de l’ingéniosité des femmes de Son La.
Dans la région de Dien Bien, les femmes Lao portent des chemises semblables à celles des Khmu du Laos. Un foulard « pha bieng » est drapé sur la poitrine, les femmes nouent une ceinture en cuivre ou en argent appelée « khiem khac » et enroulent un foulard « pha phe » autour de leur tête.
La broderie, chacun des motifs est associé à une histoire différente et possède une signification éducative qui représente une partie des croyances et des concepts de vie du peuple lao.
Le motif de deux serpents entrelacés s’inspire du fait que : ceux qui ont la chance de voir deux serpents entrelacés sont bénis. C’est pourquoi les Laotiens tissent des motifs de serpents sur leurs jupes pour attirer la chance.
Le motif du tigre représente la force humaine : lorsqu’un tigre meurt, il faut le recouvrir d’un tissu blanc et pleurer de chagrin. Les motifs de tigre servent à se souvenir et rappellent aux enfants de ne pas tuer de tigres sous peine de souffrances durant trois générations…
Les Lao aiment tisser des motifs d’éléphants et leurs cavaliers, ce motif est associé à une légende pour rappeler aux personnes se rendant en forêt ou aux champs de ne pas boire l’eau des petites flaques.
Chaque motif de brocart des costumes Lao est la quintessence de la culture populaire, sélectionnée, préservée et transmise de génération en génération. Ces dernières années, conscients que le tissage est non seulement un élément de leur identité, mais aussi une source de revenus stable, les Lao ont développé cet art, un geste concret pour préserver, maintenir et promouvoir l’artisanat traditionnel du pays.
Le 9 avril 2024, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a déclaré « L’art décoratif des costumes laotiens » des districts de Dien Bien et de Dien Bien Dong, province de Dien Bien, patrimoine culturel immatériel national.
Les femmes de la communauté du district de Tam Duong ont conservé la coutume de noircir les dents.
Chez les femmes, de belles dents noires et brillantes sont aussi importantes qu’une longue chevelure et brillante. Une fille aux dents noires témoigne de rapidité, d’habileté et de persévérance.
Chaque femme détient le nécessaire pour se teindre les dents. Chaque soir, après le dîner, près du feu, elles sortent le morceau de bois, le brûlent et lorsque la résine s’écoule, les femmes s’en enduisent les dents pour les teindre en noir.
Les connaissances de la mère en matière de techniques de teinture des dents sont transmises aux filles comme un secret de famille.
La femme Lao avait l’habitude de se tatouer sur la paume de la main des dessins d’insectes, l’homme porte encore parfois un tatouage bouddhique au poignet et des animaux sur les cuisses.
Arts
Le peuple laotien possède un folklore riche en légendes, contes de fées et chants populaires. Les femmes Lao sont douées pour le chant et pour les danses folkloriques.
Les Lao possèdent un trésor unique de littérature populaire et de culture artistique : la danse Lam Vong qui signifie chanter et danser en cercle. Cette danse, exécutée lors de festivals, de mariages ou d’événements importants, est exécutée, en groupe ou en duo, en cercle au rythme gracieux de la musique.
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