Les Hmong sont des migrants récents, venus essentiellement par vagues variables au cours des deux derniers siècles.
Les Hmong faisaient partie des Miao (Mieu) grand groupe ethnique du sud de la Chine .
Vers la fin du XVIII et le début du XIX siècle, ils émigrent pour une partie au Vietnam, émigration étroitement liée aux luttes contre les autorités féodales chinoises.
Ils fondent alors au Vietnam des hameaux dans les régions montagneuses du nord en haute altitude, proche de la frontière chinoise : Ha Giang, Lao Cai, Lai Chau…
– Hmong, Miao- Meo :
Les Hmong bariolé
Une légende très répandue veut que le nom miao ou mèo leur ait été donné au Hmong par les français du fait que les Hmong grimpent comme des chats (mèo en vietnamien). Rien n’est plus faux !
Le nom miao est une déformation du mot chinois mieo, nom que les chinois donnaient non pas aux seuls Hmong, mais à toutes leurs minorités, et qui veut dire « cultivateurs », mais surtout « sauvages, barbares ». Inutile de préciser que les Hmong détestent qu’on les appelle Miao.
Leur volonté de garder leur indépendance les a amenés à s’engager dans divers conflits. Ils se sont notamment engagés aux côtés des Français pendant la guerre d’Indochine puis aux côtés des Américains pendant la guerre du Vietnam. Une partie de cette ethnie a été victime de nombreuses persécutions à cause de ces conflits.
– La lignée :
Dans la culture Hmong, donner naissance à un garçon permet de préserver la lignée et ainsi de réussir sa vie. La lignée est précieuse, elle se suit et se respecte au long des siècles, les Hmong d’une même lignée conservent des relations et une solidarité très forte.
Le régime familial est patriarcal, les hommes ayant une supériorité absolue, et la polygamie n’est pas rare. Les mariages entre hommes et femmes d’une même lignée sont formellement interdits.
– Le village :
Le Nord Vietnam montagneux est le toit commun de nombreuses ethnies dont Hmong
Les villages Hmong, le Giao, se trouvent dans un environnement de collines avec des groupes de cinq à vingt ménages de même lignée et parfois quelques centaines pour certains, le village se dit alors Giong.
Chaque village possède son propre territoire, son génie tutélaire, des conventions qui sont respectées, leur violations sont sévèrement punies. Ces conventions sont revissées chaque année au cours de la cérémonie du culte du Génie tutélaire.
L’administration du village est sous la responsabilité d’un chef élu des villageois. Il pourra partager son pouvoir dans le cas de très gros villages et serra alors nommé par le district ou la région.
– La maison :
Leurs maisons sont construites en bois et en bambou de manière très rudimentaire directement sur le sol en terre battue, parfois légèrement surélevées, chez les Na Meo.
On constate sur les portes et la poutre centrale des protections contre les esprits.
Le toit est recouvert de bardeaux (aujourd’hui de tôles), qui peuvent être déplacés pour laisser passer la lumière et permettre aux femmes de tisser à l’intérieur, les maisons n’ont pas de fenêtres, la seule ouverture étant la porte.
L’extérieur et l’intérieur d’une maison Hmong
Les maisons ont une seule grande pièce de trois travées, dans celle du centre se trouve un autel dédié aux ancêtres, de part et d’autres, dans les autres travées, il y aura la cuisine et la chambre. Des appentis ou espaces sous la maison quand il y a de petits pilotis (seulement chez le groupe Na Meo) sont utilisés pour les petits animaux domestiques (poules, cochons, chiens) ou pour le stockage des matériaux tels que le bois, la houe. Le buffle ou le petit cheval Hmong auront leur propre abri rudimentaire fait de planches.
– Les croyances, les fêtes :
Les Hmong sont animistes : « L’animisme est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels, comme les pierres ou le vent, ainsi qu’en des génies protecteurs ».
Les Hmong pratiquent le chamanisme, une vieille tradition religieuse. Pour les chamanistes, l’âme – ou les âmes, car un homme peut en avoir plusieurs – sont toujours prêtes à quitter le corps pour errer, quitte à être dévorées par les mauvais génies, les dab. La maladie, c’est l’âme qui s’en va, on est guéri quand elle est revenue, pour la faire revenir, on fait intervenir un chaman, qui, une fois en transes, entre en communication avec cette âme vagabonde et essaie de la persuader de revenir, si elle a déjà été capturée par les dab, il essaie de leur arracher.
Selon les croyances locales, les Hmong reçoivent 12 âmes à la naissance et les trois les plus importantes surviennent après le décès : la première donne la vie à l’individu et reste parmi les vivants après la mort ; la deuxième part définitivement séjourner au pays des ancêtres, et la troisième est réincarnée dans un être humain ou un animal.
Ces croyances sont l’occasion de nombreuses fêtes et célébrations, certaines plus importantes que d’autres :
- Le Têt Hmong est la plus grande des fêtes il célèbre au cours du 12° mois lunaire la fin des travaux, soit, un repos mérité des paysans, mais aussi des animaux et des outils de travail.
- Lors de la cérémonie funéraire Hmong, des instructions détaillées pour le voyage dans le monde des ancêtres sont chantées et jouées à l’âme du défunt. L’orgue à anche le Khen, crypte de longs poèmes chantés dans ses sept notes de musique, créant un langage déguisé qui ne peut être compris que par les morts.
– La famille, le mariage :
Un bébé Hmong sur le dos de sa mère
Les femmes Hmong accouchent accroupies, les patientes ne crient pas afin de ne pas attirer le mauvais esprit et pour ne pas effrayer leur enfant. Le placenta, pour un garçon, sera remis à la famille, il sera enterré au pied du montant du lit de la belle-mère afin que l’âme renaisse, pour une fille il sera enterré sous le lit conjugal. L’âme est menacée, la famille doit servir du bouillon et des œufs à la jeune accouchée afin de lui redonner de la force. La nouvelle mère ne sortira pas de la maison pendant quatre semaines afin d’éviter qu’un mauvais esprit… ne la mange !
Le taux de mortalité des enfants des ethnies est 10 fois plus élevé que dans le reste du pays. Le programme d’intégration des ethnies du Vietnam avec l’appui de l’ONU a formé dans un premier temps 50 sages femmes itinérantes. Elles suivent les grossesses dans les villages reculés et assistent les accouchements.
Chez les Hmong, le mariage est trop souvent pratiqué dès 13-14 ans. La différence d’âge n’est pas un problème et un homme de 30 ans peut épouser une fille de 13 ans. De nos jour, le mariage précoce est interdit par la loi, cependant elle n’est hélas pas toujours suivie d’effets. Bien qu’illégal, l’enlèvement de la mariée est régulièrement pratiqué par les Hmong : un garçon enlève une fille sans le consentement de sa famille. Une fois que la fille est chez son mari, ses parents sont tenus de contacter la famille du kidnappeur, elle peut demander sa libération ou accepter le mariage. Si le mariage est consenti, un prix de fiancée est à payer par la famille du garçon. Quand il n’y a pas rapt le mariage fait l’objet de négociations pour évaluer à juste titre la valeur de la future épouse…
Les règles du mariage : Le mariage entre les gens de même lignage est prohibé. Si le mari meurt, sa veuve épouse le jeune frère du défunt et même s’il est déjà marié. Si ce dernier n’a pas de frère, elle épouse un de ses cousins. En cas de divorce la femme loge dans la maison d’un notable du village qui la protège jusqu’au moment de se remarier. Si elle souhaite reprendre sa liberté, elle doit verser à sa belle famille une certaine somme à titre de dédommagement.
Les « marchés de l’amour » du « joli mois de mai » (dans la région de Dong Van – province de Ha Giang), c’est ici que les célibataires hommes et femmes se rassemblent pour choisir le partenaire d’un jour.
60 % des familles Hmong vivent sous le seuil de pauvreté, chaque bras est utile pour la survie. En théorie les enfants sont scolarisés mais peu suivent l’école régulièrement devant aider aux lourds travaux.
– Artisanat :
Motif sur l’habit traditionnel des Hmong à Bac Ha
Il est assez développé et diversifié. Les Hmong travaillent le fer – outils agraires, l’argent – bijoux, les peaux – tannage des cuirs de chevaux, ils fabriquent des papiers en fibres, font de la vannerie, sculptent le bois, mais ils ne pratiquent ces métiers qu’en saisons creuses, hors labours, semailles et récoltes.
– Agriculture, élevage :
Ils brûlent la terre pour cultiver du riz, ce qui constitue la base de leur agriculture, mais aussi du maïs, dans les régions des plateaux karstiques (Dong Van – Meo Vac), du seigle, du chanvre et du lin pour le tissage, un peu de sarrasin, divers légumineuses, de précieuses plantes médicinales et autrefois de l’opium. Ils furent encouragés par les Français à produire de l’opium pour l’exporter vers la Chine, sa production est maintenant interdite.
Leurs rizières en terrasse au Nord Vietnam
- L’agriculture Hmong est basée sur la régénération des terres, qui une fois qu’elles ont été cultivées pendant plusieurs années, peuvent redevenir forêt ce qui en fit un temps un peuple nomade, aujourd’hui ils sont plus sédentaires. Ce sont aussi les bâtisseurs des rizières en terrasses que l’on peut voir à Sa Pa, à Mu Cang Chai par exemple. La culture sur brûlis est de mise, ce qui leur a valu le titre de « mangeur de forêt ». Ils cultivent également des arbres fruitiers, des pommiers, des pêchers, et la prune Hmong qui est bien connue et appréciée de tous. Le sarrasin fait aussi parti de leur cultures et chaque année les belles floraisons déplacent de nombreux touristes venus admirer le beau spectacle (octobre) ( le sarrasin est semé dans les rizières une fois la récolte de riz faite).
- Élevage, les animaux domestiques : Les Hmong comme tous les peuples ethniques du Vietnam sont entourés d’animaux. Ils élèvent des buffles pour les travaux de labours des rizières – des chevaux, Ngua Noi, poney pur sang vietnamien, pour le bat, la monte, la course (à Bac Ha) et aussi la pharmacie – des chèvres et des cochons pour la nourriture, des volailles, des chiens, Le Lai ou Dingo d’Indochine: une espèce très populaire dans les régions montagneuses.
Ce chien est réputé pour être discipliné, fidèle et bon gardien (attention donc aux chiens en liberté dans les villages). Sa nature sauvage l’emmène à chasser les petits animaux tels que les mustélidés, les rats ou les serpents. Il est de taille moyenne, sa robe est beige rosée, noire, grise ou tachetée. Les Hmong ne mangent jamais de chien mais en sacrifient aux génies dans des circonstances très particulières.
– Les marchés ethniques :
Marchés des Hmong bariolé à Bac Ha et des Hmong blanc à Dồng Van
Ce sont les lieux privilégiés pour vendre, acheter, échanger et surtout se retrouver. Ils sont à dates fixes, une fois par semaine ou dits à reculés, un jour défini sur le calendrier lunaire soit par exemple le jour du cochon ou celui de la chèvre, etc. Ils peuvent aussi avoir lieu tout les 5 ou les 6 jours jours. Certaines familles mettent plus de 2 heures pour s’y rendre avec leurs marchandises et autant pour rentrer dans leurs villages perchés à flanc de montagne. Plusieurs ethnies différentes se rendent sur ces marchés, les échangent se font ici !
On trouve de tout sur les marchés, de l’artisanat, de la médecine traditionnelle, des bijoux, des vêtements ethniques, des semences, des cochons, des chiens, des poules, des buffles, des chevaux, des oiseaux, des instruments agraires, des stands de soupe, de nouriture, des marchandises chinoises (la frontière n’est jamais loin), des instruments de musique… un mari ou une épouse…C’est à l’infini !
– Les instruments de musique :
Le Khen
Outre les chants, les Hmongs jouent aussi beaucoup d’instruments de musique. Chaque mélodie peut être traduite en phrases, en mots. La langue Hmong est tonale, c’est à dire qu’elle est basée sur des tons et des intonations.
- L’orgue à bouche, le Khèn : Il s’agit d’un aérophone à chambre à vent (en courge ou en bois dur) composé de tuyaux en bambou munis d’anches libres.
- La guimbarde Hmong fabriquée au Nord Vietnam est un instrument utilisé depuis de longues années. Conçue dans une feuille de laiton avec une très grande précision dans l’entaille de la lamelle afin de donner une vibration et une résonance optimale.
– Les costumes :
L’habit traditionnel des Hmong noir à Sa Pa et des Hmong fleuri à Bac Ha
Les femmes Hmong tissent le chanvre qu’elles teindront à l’indigo pour la confection de leurs costumes. La plantation, le tissage du lin, la confection de vêtements, la broderie ou la teinture à la cire (batik) font aussi partie de leurs talents.
Des broderies sont effectuées sur des pièces à appliquer, rarement directement sur le vêtement. Ces pièces servent aussi de renfort contre l’usure et sont cousues sur les manches, épaules et bords de veste, les bas de jupes et de pantalons.
Dès l’enfance, les filles apprennent la broderie et confectionnent elles même leurs vêtements, jusqu’aux vêtements les plus perfectionnés, la robe d’apparat de mariage.
Ce dernier se comporte une jupe ample à plis ou un pantalon, un corsage ouvert sur le devant et un cache poitrine, Il variera suivant les groupes dans sa forme et ses couleurs. La femme Hmong porte un plastron au dos, un tablier sur le devant, elle marche pieds nus ou en sandales et met des jambières en protection.
Les hommes portent de larges pantalons qu’ils nouent à la ceinture, une veste courte, les manches sont amples, le tout est en chanvre teint à l’indigo. Ils ont aux pieds de simples sandales.
– Les groupes Hmong :
Au Vietnam on dénombre 7 groupes Hmong qui se divisent en plusieurs sous groupes.
- Hmong vert – Hmong Xanh – Ils vivent plutôt au nord-ouest (dans les provinces de Son La, Dien Bien, Yen Bai) comme l’indique leur nom leur costume sera à prédominance vert, elles arborent de nombreux bijoux en argent : des colliers, des bracelets et des ornements en argent cousus sur leurs costumes. Leurs cheveux, longs, sont laissés sur les épaules avant le mariage, ils sont mis en chignon après celui ci.
- Hmong rouge – Hmong Do – autour de Bac Ha, Si Ma Cai, Muong Khuong, Hoang Su Phi et Xin Man. Leur jupes sont très larges « au cent plis », brodées de rouges leurs cheveux sont laissés longs avec des houppes de fils rouges entremêlées aux cheveux.
- Hmong noir – Hmong Den – Ce sont ceux de Sa Pa,dans la province de Lao Cai (région de Sa Pa), Yen Bai, Cao Bang, Lang Son et Dinh Hoa. Autrefois, les femmes portaient des jupes, mais comme elles vivent dans la montagne, elles préfèrent maintenant les caleçons longs. Elles portent sur la tête un petit calo parfois orné d’applications brodées ou un foulard de couleurs.
- Hmong bariolé, Hmong fleur – Hmong Hoa – Vous les verrez principalement sur les marchés de Bac Ha, de Can Cau et de Sín Chéng à Bac Ha et autour du district de Tua Chua, province de Lai Chau, Lung Phinh, et Lao Cai. Le travail de broderie en application des jupes au cent plis et des vestes est remarquable, les cheveux sont longs avec postiches sous des foulards rouges ou verts
- Hmong blanc – Hmong Trang – La femme Trang est rasée sur les côtés avec une touffe de cheveu au sommet et un turban, sa jupe sera en lin de couleur naturelle. Ils vivent principalement au nord de Ha Giang (Quang Ba, Dong Van, Meo Vac, autour de Bao Lac, Mu Cang Chai et dans le district de Tram Tau (province de Yen Bai).
- Les Na Mieo (Hmong de l’eau, Hmong Shua et Han Miao) – Ils se considèrent comme un peuple unique. À un moment donné, ils avaient leur propre royaume nommé Liuzhou dans la province chinoise du Guangxi, mais ils ont été chassés vers le sud jusqu’à ce qui est aujourd’hui le Vietnam.
1400 Na Meo vivent au Vietnam – à la frontière avec le Laos, au nord-ouest de Lang Son – dans la province de Cao Bang, district de Thach An. Le Vietnam les associent aux Hmong, chose qu’ils réfutent, ils ne parlent pas le Hmong, traditionnellement connu au Vietnam (langue Hmong vert et ou Hmong blanc) et ne le comprennent pas. Ils ont leur propre langue qui se rapproche de celle du groupe Tay/Thaï (elle est aussi comprise par les Akhas du Laos). Ils tirent leur nom Na Meo de cette langue. Vivant proche de Tay et des Thaï, ils partagent souvent leurs villages et leurs costumes. - Les Hmong métis. Ils ne sont reconnus ni par les groupes, il y a rupture de lignée, ni par les ethnologues. Si aujourd’hui beaucoup de mariages inter ethnie voient le jour du fait du brassage des populations et de la politique “d’intégration des ethnies” par le gouvernement vietnam, il est difficile de les répertorier en tant qu’ethnie déterminée.
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